Sorente s'était levé très tôt. Comme d'habitude d'ailleurs. Il détestait dormir, il voyait cela comme une prison supplémentaire. Des murs invisibles qui l'enfermaient dans sa propre tête, avec tout ce que cela impliquait. De très mauvais souvenirs. Il déambulait depuis 5H du matin dans les couloirs déserts. Sorente avait l'habitude d'être discret et de ne jamais se faire pincer par les concierges et autres fant^mes peuplant les couloirs des pensionnats, foyers et hôpitaux. Et puis...rien ne pouvait vraiment le retenir.
Le jeune homme appréciait le calme qu'il régnait tôt le matin dans les pensionnats. Il lui arrivait de coller une oreille à une porte et d'entendre le ronflement régulier d'un heureux dormeur dont les songes devaient être doux. Sorente enviait ce genre de personne, lui qui ne pouvait jamais s'accorder le moindre repos. Sa montre bipa un coup. C'était l'heure de prendre ses médicaments. Il tenait au creux de sa main ses deux petites pilules jaunes qui lui évitaient d'avoir à subir le brouhaha incessant régnant dans son crâne. Aujourd'hui, "la voix" ne s'était pas encore manifestée. Il éprouvait un étrange sentiment de soulagement et d'inquiétude. Sans elle, il est tranquille...mais sans elle, il est seul.
Il arriva au niveau des toilettes. Sorente portait un simple blue jean et une veste de sport au-dessus d'un tee-shirt vert uni. Des vêtements simples, passe-partout, sans grande richesse apparente. Il poussa la porte sans s'attendre à y trouver quelqu'un derrière. Une voix grognonne retentit. Un cri résonna dans sa tête.
** Mon Dieu!! Sorente! Soies prudent! **
Sorente tourna lentement la tête vers Stanislas. Si son vis-à-vis était en colère et avait un regard noir que dire de celui de Sorente?! Les pupilles du jeune homme aux cheveux verts étaient réduites à deux petits points noirs noyés dans l'émeraude de ses iris. Son regard n'exprimait rrien d'autre que de la rage. Son visage n'avait aucune expression, on aurait dit un masque de plâtre, pâle et figé. Un indescriptible air narquois et cruel s'exprimait par un très frémissement de ses narines.
"Peuh! Nan ça va pas."
Il se dirigea comme un automate vers le lavabo, engloutit les deux pilules et les avala avec un peu d'eau. Du revers de la main il essuya le liquide qui lui coulait sur le menton et toisa du regard l'être démoniaque qui avait osé troubler sa quiétude. Il était si bien seul. Sorente s'approcha à grandes enjambées vers Stanislas et lança un violent coup de poing dans le mur. La faïence se craquela, du sang se mit à couler de son poing déjà meurtri. Il fixa le jeune homme le regard mauvais.
"Tais toi ou la prochaine fois ce sera ta tête."