[-> Gymnase]
Anatole sentait quelque chose de sournois, serpent avilissant, ramper dans son esprit. Des envies qu'il croyait enfouies avec son lointain passé remontaient à la surface, appelées par les contrariétés que lui imposait Nakama sans vergogne, avec son coté si envahissant. Instinctivement, Anatole fouilla la salle du regard en quête d'un objet tranchant.
Il ravala sa colère et essaya de se concentrer, plutôt, sur sa fatigue pour engourdir son esprit et ses pulsions meurtrières. Nakama remit la discussion sur les noms sur le tapis et les yeux d'Anatole scintillèrent d'une lueur de haine, un bref moment, avant que le jeune homme ne se reprenne.
Anatole commençait à se demander combien de temps il faudrait à Nakama pour comprendre que le prénom qu'il portait lui importait à peu près autant que la taille de la salle de sport ou autre détail futil pour lequel il n'aurait ni sympathie ni antipathie.
Finalement, le jeune homme se contenta de hausser les épaules, pour toute réponse à la question de Nakma. Il remit son tee-shirt et commença à se frayer un chemin dans la foule sans cesse croissante du gymnase, dans l'espoir d'arriver aux douches en perdant Nakama dedans.
Espoir bien vain, apparemment, que ce dernier avait tout de même rejoint Anatole et se proposait de l'accompagner. Anatole se retint le gifler, estimant que cela ferait sans doute le plus mauvais effet, en public. Il adressa un sourire glacial au jeune homme et ne répondit toujours rien.
Ils marchèrent donc dans le plus grand silence, entretenu par la ferveur glaciale d'Anatole, jusqu'aux douches. Le jeune homme y entra et ne fit guère attention à Nakama qui devait probablement le suivre. Il était bien trop occupé à pester intérieurement contre la bêtise de l'humain.
Finalement, il songea qu'il n'était pas si mal, dans sa cellule, à l'asile, seul. Au moins, personne ne venait le déranger. Au moins, là bas, les gens avaient peur de lui et le laisser tranquille. Maintenant, tout était différent, plus personne n'avait de notion du respect qu'on lui devait.
Il fut instant effrayé par ses propres pensées, tant elles ressemblaient à celles qu'aurait eu la personnalité dont il pensait s'être débarrassé. Mais cette crainte ne dura qu'un bref instant et fut sournoisement emportée au loin.
Il se déshabilla au milieu des douches, sous le regard de Nakama, révélant son corps nu délicieusement sculpté par la sueur, sans aucune notion de pudeur. Il dédaigna les cabines privées pour les douches et alla sous celles, plus publiques, qui n'avaient pas de cloisons.
Veillant à bien se mettre face à Nakama, il ferma les yeux et laissa l'eau couler sur son corps, dans l'espoir d'y trouver un quelconque rafraîchissement.